le module, un système de construction typographique

Le module est employé dans d’autres domaines du design graphique tel que la typographie et placé au cœur du processus de construction et de dessin de la lettre. Le typographe et graphiste Herbert Bayer porté par l’idéologie du Bauhaus met au point en 1925 un caractère typographique à la demande de Walter Gropius. Ce caractère est utilisé pour la communication de l’école du Bauhaus de Dessau et en reflète parfaitement l’esprit. L’Universel de Bayer est uniquement constituée de formes géométriques élémentaires, le rectangle et le cercle venant s’imbriquer et s’additionner. Il supprime également les capitales de son alphabet pour réduire le corpus de formes au minimum. La version finale qu’il présente est un caractère uniforme, où les variations d’épaisseurs et les empattements disparaissent, l’éloignant ainsi de la calligraphie en effaçant le geste de la main. Les dernières traces de cursivité et de ductus de la lettre manuscrite sont retirées.
Herbert Bayer produit un caractère d’imprimerie de type linéale à l’esthétique industrielle. Mais aussi un caractère dont « la forme suit la fonction » c’est-à-dire qui suit la volonté de valoriser le contenu (le texte) plutôt que le caractère typographique. Comme une forme de neutralité du signe typographique.
La façon de procéder de Bayer pourrait s’apparenter au jeu de construction, c’est en cherchant des associations de formes, par juxtaposition, superposition et à force de manipulation des formes qu’il parvient à faire émerger une typographie au caractère particulier pour son époque.
On peut le rapprocher aussi des typographes constructivistes qui tendent à créer des typographies fonctionnelles facilitant l’exécution technique et améliorant l’efficacité visuelle. On vise l’économie visuelle et l’économie de la lettre et des moyens. Pour cela, ils usent de la géométrie pour structurer et composer dans une forme de rationalisation et de sobriété.